Depuis bientôt deux ans, l'intelligence artificielle s'invite dans les moindres interstices de la réflexion sur la transformation des collectivités territoriales. Le développement économique ne fait pas exception puisque les rencontres 2024 du réseau des développeurs économique RNET y ont consacré un atelier le 4 octobre. Au menu, présentation des potentialités alléchantes de l'outil et analyse par ces professionnels des applications possibles.
Avec l’intelligence artificielle (IA), la technologie connaît une accélération fulgurante, assortie de répercussions sensibles sur les tâches quotidiennes de chacun, et il ne s’agirait pas de rater le train. C’est en substance le message délivré devant un parterre de développeurs économiques par Cyril de Sousa Cardoso, fondateur de Polaria, une société qui propose des solutions d’IA conversationnelles et génératives et s’est donné pour mission de démocratiser ces technologies et d’accompagner les transformations humaines, organisationnelles et managériales qui y sont associées.
Le rythme d’adoption de l’IA connaît en effet une courbe exponentielle depuis le lancement de la dernière version de ChatGPT. « 80 % des étudiants aujourd’hui l’utilisent et ce sont eux qui vont demain rejoindre les rangs des collectivités », note Hugo Lambert, fondateur de Studio Reset, qui propose des formations aux territoires pour engager leur transformation écologique.
Reformulation d’un texte « dans le style de », traduction dans toutes les langues imaginables, synthétisation d’un document ou d’une réunion, production de l’illustration d’une présentation, d’un tableau à partir d’un fichier ou création d’un site internet à partir d’une note… les possibilités sont immenses et de nouvelles apparaîtront dans les mois qui viennent.
Valeur économique allant des tâches intellectuelles vers les manuelles
La technologie va s’accompagner de véritables bouleversements en matière de compétences et d’organisation du travail. « Notre société s’est construite en estimant que la pensée était la valeur la plus élevée, or cela n’a pas de sens car la cognition humaine est assez rudimentaire. Le plus compliqué à reproduire est en fait la capacité à l’interaction humaine et les capacités du corps humain. La valeur économique va donc se déplacer des tâches intellectuelles vers les tâches manuelles. C’est le paradoxe de Moravec », annonce Cyril de Sousa Cardoso.
Amenés à plancher sur le sujet, les développeurs économiques ont envisagé différentes applications de l’IA à leur métier, depuis la prise en charge de tâches support comme la rédaction de notes de synthèses, en passant à une aide à la réalisation de diagnostic de territoire à partir des datas disponibles jusqu’à la mise en image de solutions d’aménagements ou encore l’optimisation de l’usage des bâtiments. « La technologie permettrait de développer des stratégies de développement économique plus personnalisée qu’aujourd’hui car basées sur des datas locales, le rôle du développeur économique sera alors d’orienter l’IA sur les secteurs à enjeux », confirme Hugo Lambert.
Face à l’enthousiasme soulevé par les perspectives ouvertes par l’IA, leur adoption ne peut faire l’économie d’une réflexion collective sur les enjeux éthiques qui accompagnent cette technologie, que ce soit en matière des biais répercutés par la machine, des compétences à adapter, de relations homme-machine et aussi d’impact écologique.